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Pilier du vivre ensemble

22 mai

Notre route des bistrots authentiques nous mène aujourd’hui à Hagenbach. Découverte d’un petit troquet où se côtoient des clients plus ou moins habités des lieux. Rendez-vous a été pris au Cheval Blanc.

« Bim’ Colette », pour les intimes...

 

En voiture, tous les Sundgauviens sont passés devant au moins une fois. En sortie de virage, à deux pas de la salle communale de Hagenbach, trône une grande maison bleue aux volets blancs. Sur la façade, deux enseignes : l’une aux couleurs d’une célèbre marque de bière. Sur l’autre, plus authentique, on voit un cheval. Blanc, évidemment !

La devanture demeure discrète. Il y a certes une petite cour, occupée en permanence par quelques voitures. A coup sûr, certains des automobilistes qui passent sur ce tronçon très fréquenté de la Départementale 103 ne savent même pas si le bistrot est encore ouvert.

Une fois le seuil franchi, plus de doute. Le lieu est bien vivant mais, comme à l’extérieur, la décoration s’avère discrète, sans chichis. Au Cheval Blanc, on ne fait pas dans le tape-à-l’œil. Aux murs, quelques tableaux d’époque et autres gravures, dans un ensemble plutôt chaleureux, mais pas des plus modernes. Derrière le bar, une grande photo dédicacée par Delphine Weispiser tranche avec le reste du décor. Les premières secondes suffisent à comprendre que le lieu a une histoire.

Une seule table est occupée ce matin là, mais c’est la plus grande, la plus belle de toutes. Sa particularité ? Elle est traversée par une grande poutre, qui permet de supporter l’étage supérieur. Une dizaine de personnes (que des hommes !) sont accoudés autour de la Stammtisch. Sur les autres tables, des vases remplis de bouquets.

«On a enlevé les fleurs pour gagner un peu de place», glisse un client. La matinée touche à sa fin, c’est l’heure de l’apéritif. Sur la table, les pressions côtoient les verres de rouge et les anisettes. Dès lors, on s’installe et il suffit de tendre l’oreille pour comprendre que les clients du jour ne sont pas venus pour parler de botanique. Ça cause politique, tout le monde n’est pas d’accord. Dans les échanges, en français ou en alsacien, certains termes reviennent plus que d’autres. Mots clés : «Macron», «Rothschild», «SNCF», «grève», «intermittents du spectacle».

Entre les becs de la tireuse, Colette Meyer observe les débats d’un œil distrait. Des discussions animées, elle en a vu d’autres. Une cinquantaine d’année déjà qu’elle officie là, après avoir pris la suite de son père. «D’ailleurs, on ne dit pas qu’on va au Cheval Blanc, on va chez Colette. Elle est très sympathique. Moi, à sa place, je n’aurais pas autant de patience», reconnaît Claude, 79 ans, de Balschwiller. Allusion à la fameuse ardoise du bar, et aux crédits à long terme contractés par certains de ses «collègues».

Colette s’en amuserait presque. «Ce n’est pas comme si j’étais locataire, avec tous les mois, un loyer à payer. Bien sûr, les affaires marchaient mieux dans les années 80». Elle ne se voit pas fermer la boutique pour autant, même si il y a un peu moins de monde qu’avant. Le Cheval Blanc est le dernier café du village, qui en comptait six après-guerre.

La patronne des lieux se souvient de  l’âge d’or, cette époque où on venait à pied de Balschwiller, Buethwiller ou Gommersdorf, pour écouter et danser pendant des concerts improvisés. Dans les années 60, la famille Meyer était la première du village à avoir une télévision. Les habitants y venaient en masse, «surtout le mercredi, pour voir La Piste aux Etoiles», sourit la patronne.

Des souvenirs et des anecdotes, elle en a des dizaines et pourrait en remplir en livre. Il faut dire qu’entre l’ouverture des portes, tous les matins à 6h30 et la fermeture à 20h30, les journées sont bien remplies. «Ici, il se passe toujours quelque chose», sourit Colette. Les automobilistes de passage n’auront qu’à s’y arrêter pour s’en fait une idée.

 

L’ami hebdo du 22 mai 2016

 

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