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Soirée hommage au poète Georges Zink

Vendredi 23 avril 2010

Germaine GESSIER
Germaine GESSIER

Quelques surprises au programme lors de la soirée Georges Zink, pour la centaine de personnes présente, le vendredi 23 avril dans la salle de la tuilerie de Hagenbach.

Parmi elles, un grand nombre de descendants de la famille Zink, dont une des filles de Georges Zink, Odile Favaron qui a fait spécialement le déplacement d'Ile-de-France. En prenant la parole Odile évoqua avec émotion l'attachement de son père à son village d'enfance, et qu'elle était heureuse d'assister à cette soirée.

Georges Zink épousa en 1934, Marthe Cohn (dit Mimi), un couple différent mais très uni. Le décès de son épouse en 1973 l'affecta profondément. De leur union sont nés trois enfants : l'ainée Anne Professeur honoraire à l'université de Clermont-Ferrand, Odile épouse Favaron, Maître de conférences à l'université de Paris XI, et Michel, Membre de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, Professeur au Collège de France, auteur de nombreuses publications médiévales. En 2009, Michel Zink a été fait membre d'honneur de l'Académie d'Alsace, une intronisation qui, à ses yeux, était un honneur à titre posthume dédié à son père.

Le Professeur Georges Zink agrégé d'allemand, fini sa carrière universitaire titulaire d'une chaire à la Sorbonne à Paris. De son vivant, il a obtenu plusieurs distinctions :

- en 1964, l'université de Francfort lui attribua le titre de « Docteur honoris causa »

- en 1976, l'Institut des arts et traditions populaires de Strasbourg lui décerne un « bretzel d'or »

- en 1977, le prix de la fondation Goethe de l'université de Bâle.

En 1971, il fut fait chevalier de la Légion d'honneur.

Il est resté un homme simple et à la fin de sa vie, disait : « la seule chose qu'il était content de laisser était ses poésies alsaciennes ». Il gardera toujours son accent alsacien, aussi bien en français qu'en allemand. Il est décédé le 30 avril 2003 à l'âge de 94 ans.

Germaine Gessier professeur honoraire, dans sa causerie, a retracé la vie du poète, mais également les traditions du village, la nature, et les saisons, qui ont inspiré l'auteur. Germaine native de Hagenbach, a rajouté quelques anecdotes villageoises, qui prêtaient bien à sourire, le tout entre­coupé par la lecture de poèmes dans le dialecte sundgauvien.

Elle a lu un extrait du discours de Georges Zink lors de son « Oberrheinischer Kulturpreis en 1977 » :

« Es war im Winter 1929-30, ich weilte damals als Student der Germanistik in München. Bislang hatte ich manches Gedicht in deutscher Sprache geschrieben, aber keines wolte mir so recht gefallen.

Da sass ich einmal in der Universitätsbibliothek, über ein Buch gebeugt, das vom Althochdeutschen handelte. Und da hiess es etwa : Ja, die althochdeutsche Sprache mit ihren vollen Endungen auf a, i, o, u, die sei doch Klangreicher gewesen als das moderne Deutsch.

Halt, sagte ich mir da, das gibt es ja noch bei uns, da heisst es noch : a Lotzi, a Maidala, ar isch ku... Und da traten Bilder hinzu: die winterliche Stube, in der mir meine Mutter die "alte Liedle" vorsang, die Felder um mein Dorf in ihrer Sommerpracht, das eine oder das andere Mädchen...

Am Abend dann setzte ich mich hin und schrieb mein erstes Gedicht in meiner Hagenbacher Mundart "Mine Rose, si blieje-n-im Garte so rot..."

Ob zu Recht oder zu Unrecht – ich fand es gelungen, und so machte ich denn weiter.

Traduction :

C'était en hiver 1929-1930 je vivais à Munich et j'étudiais l'allemand.

Jusqu'alors j'avais écrit quelques poèmes en allemand, mais aucun ne me satisfaisait.

J'étais assis dans la bibliothèque universitaire et plongé dans un livre qui parlait du « vieil allemand » et dans cette langue, les terminaisons étaient des : a, i, o, u

C'était bien plus riche que l'allemand moderne.

Je me suis dis, cela existe aussi chez nous, comme :

A Lotzi (une personne qui traîne)

A Maidala (une petite fille)

Ar isch ku (il est venu) ...

Alors il me revenait dans l'esprit les images d'autrefois, la salle à manger en hiver, où maman me chantait de vieilles chansons, des champs autour du village à la belle saison, de l'une ou l'autre jeune fille...

Alors, ce soir-là je me suis assis et j'ai écrit mon premier poème, dans la langue maternelle de Hagenbach « Mine Rosa... Mes roses qui fleurissent si rouge, dans le jardin... Bien ou pas bien, mais cela me plaisais ; alors j'ai continué.

Germaine Gessier a également présenté le très beau livre «Sichelte», édité en nombre limité, qui se trouve dans les bibliothèques de personnes qui ont été sensibles à sa poésie.

Le maire de Hagenbach Guy Bach, a remercié Madame Germaine Gessier d'avoir répondu favorablement pour animer cette soirée. «Avec passion, vous vous êtes lancée dans cette aventure»

Puis le maire, a projeté un petit film, qui avait été tourné en 1986 lors de l'émission «Moment poétique». A l'époque FR3 était venu à Hagenbach pour interviewer Georges Zink. Ce film est archivé à l'INA Strasbourg, et la municipalité a décidé d'acquitter les droits de projection pour la soirée. Ce document unique a permis de voir le poète, à l'automne de sa vie, dans sa maison natale, et dans la campagne environnante, parlant avec grande sagesse des épreuves de sa vie, de la guerre, de la disparition d'êtres chers, mais des mots d'espoirs aussi pour la génération future. Apparaît également dans ce court métrage, le professeur Adrien Finck qui lisait les poèmes de Georges Zink. Adrien Finck né en 1930 à Hagenbach, était universitaire à la faculté de Lettres de Strasbourg. Il a aussi publié ses poèmes en allemand et en alsacien ; il est décédé en 2008.

En fin de soirée un habitant de Sierentz, Thierry Baumlin a informé l'assistance, que la commune de Sierentz aura prochainement une rue au nom de « Georges Zink ». Le maire de Hagenbach, salue la décision de la commune de Sierentz, qui fait grand honneur à notre village. Cette nouvelle a été très applaudie, ainsi que Madame Gessier pour sa causerie.

Le public a été invité à découvrir l'exposition d'articles de journaux, et de photos de famille du poète Georges Zink.

Le verre de l'amitié a permis encore bien des échanges tardifs.

Galerie photos

Petit florilège de poèmes de Georges Zink

(à gauche la version traduite en français)

Un grain de blé
"si le grain ne meurt..."

Dans ma main un grain de blé :
Que dois-je en faire?

Dois-je le donner à manger à l'oiseau ?
Mon grain alors serait perdu !

Dois-je le faire sertir dans de l'or ?
Mais cela plairait-il au grain ?

Je sais ce que je vais en faire :

Le sol humide aura ce grain,
C'est là qu'il germera et poussera
Et en été
Me donnera cent jeunes grains.

Le temps des cerises

Cerises rouges, cerises jaunes,
Cerises noires à toutes les branches,
Le long des routes, dans les vergers
Sont mûres dans mon pays.

"Seppele" s'en va cueillir des cerises,
Emporte son crochet, emporte son panier,
Grimpe sur les arbres les plus hauts,
Ne met pas les cerises dans son panier,
Préfère les mettre dans sa bouche,
Rentre le panier vide.

Le poirier sauvage

Toi, poirier sauvage, là-bas dans les champs,
Tu ne verdiras plus ce printemps.

Tes branches sont désséchées, pourries tes racines...
Entends-tu ?... Ils affûtent déjà la hache pour t'abattre !

Pourtant regarde : sur l'autre champ là-bas,
Une de tes petites poires était tombée...

Et s'y dresse déjà tout droit un jeune poirier
Vert et blanc comme neige au printemps.

Mon frère

Mon frère a semé le blé
Mon frère a fauché le blé,
Mon frère est mort à présent.

Mon frère a, des années durant,
Cultivé la terre pour tous,
Pour notre pain quotidien.

Mon frère a semé le blé
Mon frère a fauché le blé.
Il est à présent auprès de Dieu.

Sommeil si long

Sommeil, sommeil si long
Pour toi au sein de la terre !

Lumière en haut : soleil, lune et étoiles.
Nuit éternellement noire en bas.

Chants d'oiseaux, carillons en haut.
En bas, tes oreilles sont sourdes.

Mais un jour peut-être que tu entendras,
Venant de loin, de très loin,
Le son des trompettes sacrées.

A Waissekorn

A Waisskorn hàn i in dr Hànd :
Wàs sett i mit'm denn màcha ?

Sett i's im Vogel z'frasse gah ?
Do war mi Kernle vrlore !

Sett i's in Gold ifàsse lo ?
Ja, tat dàs mim Kerle o gfàlle ?

I waiss jetz, wàs i mit'm màch :

Dr fichte Bode sett's Kernle hà
Un dert sett's kime un triwe
Un im Summer
Hundert junge Kernle mir bringe !


Kirschezit

Rote Kirsche, wisse Kirsche,
Kirsche schwàrz àn àlle Beim,
An de Strosse, in de Garte
Warde jetze zittig dhaim.

Seppele geht geh Kirsche brache,
Hàt si Heckle, hàt si Krattle,
Kratelt uf die hechschte Baim :
Màcht die Kirsche nit ins Krattle,
Tüet si liewer salwer asse,
Kehrt mit laarem Krattle haim.


Dr Schollebirebàim

Du àlter Schollebirebàim dert uf'm Fald
Im Friehjohr wirsch jetz nimme grien !

Abdert sin d'Nescht, àbgfült sin d'Wurzle !
Hersch : si schliffe scho fir di d'Ax.

Doch lüeg : uf sallem àndre Acker,

Dert isch e Birle vo dir hikeit ...

Un stràmm steht dert e junger,
Im Friehjohr grien un Schneewisser
Schollebirebàim !





Mi Brüeder

Mi Brüeder hàt dr Waisse gsajt,
Mi Brüeder hàt dr Waisse gmajt,
Mi Brüeder isch jetz tot.

Mi Brüeder hàt so làngi Zit
Dr Acker bstellt fir àlle lit,
Fir unser taglig Brot.

Mi Brüeder hàt dr Waisse gsajt,
Mi Brüeder hàt dr Waisse gmajt :
Jetz isch'r haim ze Gott.


Lànger Schlof...

Lànger Schlof, lànger, lànger Schlof
Dunte tief im Bode !

Dowe Sunne, Himmel, Starne, Moon -
Dunte Nàcht, ewig finschtri !

Vogelsàng dowe, Glockeklàng -
Tàib sin dunte dir d'Ohre !

Amol villicht doch hersch,
Wit, gànz wit,
Hailige Trumpete !