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Histoire de la tuilerie

 

Tuile de la tuilerie Gessier à Hagenbach (remblai forestier à Urbès)

 

(cliquez pour agrandir)

En 1865 les Schmerber qui possédaient déjà une tuilerie à Illfurth, implantèrent une nouvelle usine à Hagenbach. Construite sur les berges du canal, côté Balschwiller-Eglingen, elle fut détruite en 1915 par l’artillerie française.

Plus tard les trois fils de Joseph Gessier la rachetèrent pour créer la tuilerie mécanique Gessier Frères. Leur père, Joseph avait au lendemain de la guerre 1870, installé son premier four à la lisière de « Carspachforst » et de la route d’Altkirch. Il y fabriquait manuellement briques et tuiles plates (biberschwanz).

Jusqu'à la fermeture de l’usine mère (1923-1924) les trois frères continuèrent à fabriquer les fameuses briques pleines, appréciées pour leurs qualités ingélives.

Tuilerie GESSIER
Photo datant de 1950 env.

On ne connaissait pas encore les techniques modernes du bâtiment, avec les fondations de béton coulé, et il fallait donc utiliser des briques qui ne soient pas friables au gel. Le fait d’être pétries au pied et moulées en masses homogènes leur conférait leur robustesse.

 

Cette industrie de la tuile attira au lendemain de la première guerre de nombreuses familles d’Italie du Nord, spécialisées dans la technique des terres cuites. Elles ont grossi les rangs des villageois qui avaient quitté la terre parce qu’issus de familles nombreuses, ou victimes de l’essor agronomique.

Au lendemain de la seconde guerre, de nombreuses petites unités du même type ayant ouvert leurs portes dans le Piémont, elles furent supplantées par la main-d’œuvre nord-africaine.

L’entre-deux-guerres fut plus prospère. On vit fonctionner simultanément à Hagenbach les trois ateliers des frères Gessier (l’usine mère : route d’Altkirch, l’ancienne usine Schmerber et une nouvelle unité construite entre le canal et la route d’Eglingen), ainsi que l’usine des frères Gilardoni à Retzwiller.

De cette époque, le village a hérité la réputation de « petit Paris » du Sundgau. Le village disposait, en effet d’un égout avant 1914 et pendant les années trente, il n’était pas rare de voir, le dimanche, les dernières toilettes de la mode parisienne.

Las, la tuile connut son déclin et en 1970, la dernière usine du canal fermait ses portes, stoppant la ronde des camions, désertant le débarcadère à péniches. Le village sombra dans la douce léthargie des communes « dortoirs ».

Le départ des ouvriers eut d’abord pour conséquence la fermeture de la troisième classe de l’école communale. Les cinq salles de café se vidèrent à leur tour, on en compte encore une aujourd’hui.

Les hangars de séchage de la première tuilerie ont été convertis en stock à bois pour une scierie spécialisée dans la charpente et la menuiserie du bâtiment. Il s’agissait de la plus importante unité de production du village, mais qui cessera son activité vers les années 2000.

Témoignage filmé datant de 1954

Un film exceptionnel réalisé par M. Achille GESSIER

 

La  vidéo de Monsieur Achille Gessier nous montre le savoir faire de l’époque, où une nombreuse main-d’œuvre était nécessaire pour la fabrication des tuiles.

Achille Gessier est né le 27 janvier 1925 à Hagenbach.

Son grand-père, Joseph Gessier, avait au lendemain de la guerre de 1870 installé son premier four à la lisière du « Carspachforst » (au début de la route venant d’Altkirch).

Achille, qui habite toujours dans la belle demeure qui l’a vu naître, a fréquenté l’école des garçons du village. Il fera un apprentissage en mécanique automobile chez Louis Bohrer à Altkirch. C’est à son patron qu’il racheta sa première caméra. Faire des films, et des photos, devint une véritable passion pour Achille. Après la guerre,  il travaillera également à la tuilerie, jusqu’en 1972, date de sa fermeture.

C’est grâce à ce film tourné en 1954, que la tuilerie revit à nouveau à Hagenbach.

C’est à l’âge de 80 ans, qu’Achille  s’est mis à l’informatique. Avec un équipement performant, de la rigueur, de la patience, et l’aide de son fils Frédéric, Achille recopie ses films 16 millimètres sur une bande numérique, les met en forme, y rajoute un fond sonore, et les met en ligne sur le net, pour la plus grande satisfaction de milliers d’internautes.

On y voit l’usine, et une partie des logements ouvriers. A gauche du pont, la maison de l’éclusier (qui n’existe plus, elle se situe maintenant de l’autre côté du canal), ainsi que les marnières d’où l’argile était extrait.

 

Les personnes qui  figurent sur le film, ne sont plus de ce monde. Il y a, entre autres :

  en venant sur le pont, un jeune homme en costume : il s’agit de Pierre Gessier, devenu artiste peintre.

 quelques jeunes gens.

  le conducteur de la locomotive : Victor Leyenberger, Marco et Mathis de Buethwiller

  dans la carrière : Hagmann Eugène, Di Guisto Antonio

  à la pioche : Albert Bibler

  dans l’usine : à la pioche Albert Brungart, sur le côté, Eugène Heitz et Emilio Dionèse.

  sortant de la maison sur une chaise : Gustave Reinach, qui s’était cassé le col du fémur.

  les personnes qui le soutiennent : debout une dame en robe noire, il s’agit de Mme Kuenemann, responsable de la Croix Rouge de Dannemarie.

FILM : Fabrication de briques et tuiles GESSIER en 1954 à HAGENBACH Haut-Rhin petite séquence montrant le chargement des wagonnets et la sortie des briques au niveau de la coupe après moulage.